C'est à gratter le papier qu'on se débarrasse des démangeaisons qui nous collent à la peau. C'est à noircir une page ou plusieurs qu'on remplit le blanc, ce silence effrayant, celui qui doit s'arrêter.
Quelques tâches d'encres font office de décorations quand l'esprit
s'envole et la plume avec, quand elle crache comme on crache sa rage sur
un carnet vierge. Des ratures barrent
les mots, et les gouttes d'encre sont comme les gouttes de sang d'une
phrase mal foutue, blessée, comme par les agressions mortelles apposées
sur une erreur par trop vivante.
Un manuscrit propre est un second
essai par trop parfait. Le brouillon est vivant, comme on voit les
allers-retours de la pensée, comme on voit les hésitations et les doutes
qui torturent l'esprit et l'aiguisent afin qu'il soit tranchant et
qu'il marque pour de bon ceux qui le lisent.
Allez, j'écris comme on
compose une symphonie, avec ses fausses notes, ses défauts et ses
imperfections qui font là toute sa beauté. Je cherche mes mots comme on
cherche l'harmonie, à s'en arracher les cheveux, et chaque phrase est à
mes yeux comme une mesure, petite part d'un tout mais essentielle
tout de même.
Allez, j'écris comme je me libère ! Sur le papier rien
n'est interdit, et les lignes qu'on aligne sont comme les
revendications qu'on n'osera jamais clamer… Écrire, c'est comme crier
tout en gardant le silence. Mieux qu'une vidéo, mieux qu'un passage à la
radio, c'est une trace qui perdurera tant qu'une seule personne gardera
ce livre dans sa bibliothèque.
Le 12 Août 2013
A la revoyure les loups !